Marre du « dommage, la révolution,
On y était presque, mais bon, pas tout à fait quand-même ».
Marre de Lénine, de Trotski et de Mao.
Marre de la révolution comme n’étant toujours que celle d’avant.
Marre de la mort de Luxemburg et de la vie des autres qui la lamentent.
Marre d’une vie vécue à travers des photos en noir et blanc.
Marre de regarder des images qui tremblent et qui affichent les pavés, les barricades.
Marre de celleux qui pensent avoir rompu avec tout ça, qui prétendent avoir trouvé des manières de faire en phase avec une éthique supérieure, qui se disent en rupture avec le passé, qui transforment le monde ici et maintenant, et qui puent le refait dans ce qu’il a de « neuf » comme symptôme d’un passé douloureux qu’on fuit plutôt que de l’embrasser.
Marre enfin de celleux qui veulent nous empêcher de tout parce que « pas le temps », parce que « communisme, tu sais bien », et que « si seulement les gens comprendraient que c’est pour eux qu’on fait tout ça ».
Marre de tels propos tout sauf sérieux pour quelqu’un qui prétend vouloir changer la vie.
Changer la vie en empêchant la vie, c’est de la poésie pour abattoirs.